La Ligue canadienne de football dévoile sa politique d’intervention en matière de violence faite aux femmes
« Nous faisons notre part pour éduquer et pour soutenir les changements de comportements. » - Commissaire Orridge
VANCOUVER – La Ligue canadienne de football a présenté, aujourd’hui, à Vancouver, sa première politique d’intervention en matière de violence faite aux femmes. La politique comprend des volets de prévention et d’éducation, d’intervention rapide pour protéger ceux qui en sont les victimes et d’aide et d’accompagnement visant à modifier les comportements de l’agresseur.
« La LCF condamne la violence faite aux femmes dans toutes ses formes : violence conjugale, agression sexuelle, quelconque forme de violence psychologique ou verbale et tout comportement qui est susceptible d’inciter à la violence », a déclaré le commissaire de LCF, Jeffrey L. Orridge.
« Cette politique a été créée pour nous assurer que nous tous, à la LCF, faisons notre part pour éduquer et pour soutenir les changements de comportements lorsque des situations de violence sont rapportées. »
L’approche de la LCF a été développée en partenariat avec Ending Violence Association of Canada, après que le circuit ait mené une vaste consultation auprès de plusieurs expertes en intervention. Ces expertes travaillent régulièrement avec des équipes de la LCF, qui ont bâti des programmes d’éducation grand public sur le sujet.
« Nous travaillerons à nous assurer que nos environnements de travail soient exempts de violence faite aux femmes, et que les attitudes et les comportements à risque ne soient pas tolérés », a dit Orridge.
« Dans le cas où une situation impliquant n’importe quel employé de la LCF serait rapportée, celle-ci sera traité sérieusement. Ne rien faire ne sera jamais une option. »
Quelques éléments clés de la politique :
- La politique s’applique à l’ensemble du personnel de la LCF : joueurs, entraîneurs, officiels, dirigeants et employés;
- L’ensemble du personnel de la LCF recevra une formation annuelle obligatoire sur la violence faite aux femmes et sur les enjeux qui y sont liés;
- Le Ligue appuiera, endossera et participera à des activités de sensibilisation à la cause de la violence faite aux femmes et des façons de prévenir les comportements violents dans la société, particulièrement auprès des jeunes Canadiens;
- La Ligue agira lorsqu’un environnement de travail dans la LCF, incluant une équipe de football ou ses bureaux administratifs, est informé d’un cas de violence faite aux femmes impliquant un membre du personnel;
- La situation et les risques potentiels auxquels s’expose la femme en question seront analysés et, lorsque cela l’exigera, des experts locaux seront mis à contribution pour encadrer et gérer le problème. Les équipes d’interventions seront formées de travailleurs sociaux et d’autres professionnels expérimentés en la matière;
- Ces intervenants offriront le meilleur soutien possible et fourniront des références de services d’aide aux femmes concernées, s’assureront que l’accompagnement nécessaire soit offert auprès des hommes lorsque ce sera jugé nécessaire, et agiront toujours dans l’intérêt supérieur des enfants, le cas échéant;
- La ligue penchera toujours du côté de la sécurité, du respect de la vie humaine et du droit de tous d’être protégés;
- La Ligue ne jouera pas un rôle d’enquêteur criminel ou de détective, de juge ou de jury : elle s’engage à offrir l’accès aux experts qui peuvent intervenir lors des situations de violence, analyser les risques pour les femmes, arrêter les gestes violents le plus efficacement possible, encourager le changement de comportement de l’agresseur et contribuer à une résolution positive pour les individus, la famille et la collectivité;
- Dans les situations où des cas de violence contre les femmes sont évidents et documentés – ceux-ci déterminés par la police, les tribunaux ou confirmés par l’agresseur – la LCF imposera des sanctions;
- La LCF imposera des sanctions lorsqu’il y aura clairement eu violation des ordonnances de protection ou d’autres directives émanant des tribunaux ou de la police, puisque ces infractions sont des indicateurs de risques accrus de violence;
- Ces sanctions iront de la suspension pour un ou plusieurs matchs, voire une suspension à vie de la LCF, selon la sévérité et le nombre de cas rapportés;
- Afin de déterminer les sanctions à imposer, le commissaire consultera une liste des infractions, incluant l’agression sexuelle, la violence conjugale et les violations des ordonnances de protection ou d’autres directives émanant des tribunaux ou de la police, en plus de balises préparées en consultation avec les experts en la matière;
- Ces sanctions seront sujettes aux dispositions et aux processus prévus au sein de la convention collective qui lie la LCF à l’Association des joueurs de la LCF et, dans le cas des autres employés, leur contrat de travail et les lois du travail;
« Le leadership démontré aujourd’hui par l’ensemble de la LCF doit être chaudement applaudi », a déclaré Tracy Porteous, la présidente du conseil de Ending Violence Association of Canada.
« La violence faite aux femmes est un phénomène qui s’est longtemps manifesté dans l’ombre. Quand des organisations, particulièrement celles menées par des hommes, lèvent la main et demande ce qui peut être fait pour aider à briser le silence, cela attire beaucoup d’attention sur une situation que la plupart des gens ne sont pas outillés pour gérer efficacement. À travers cette politique, la LCF change l’histoire. »
Le dévoilement de la politique de la LCF a été fait à la suite d’une annonce de renouvellement d’une contribution financière du gouvernement de la Colombie-Britannique pour le maintien de l’initiative « Be More Than a Bystander », un programme de sensibilisation couronné de succès né d’un partenariat entre les Lions de la Colombie-Britannique et End Violence Association of British Columbia (EVA BC).
Ce programme n’est qu’un exemple parmi d’autres qui ont des objectifs semblables et qui ont été mis en place par certaines des équipes de la LCF et par leurs partenaires locaux.
« Nos joueurs sont vraiment des leaders lorsqu’il est question de sensibiliser la population sur ce sujet, a déclaré Scott Flory, le président de l’Association des joueurs de la LCF. Plusieurs de nos joueurs, à travers le circuit, sont actifs dans leur communauté pour influencer et changer les comportements relatifs à toutes les formes de violence, particulièrement celle faite aux femmes. Ils rejoignent un large bassin de personnes, jeunes et moins jeunes, et sont spécialement présents dans les écoles. »
Les cas de violence conjugale ou sexuelle n’attirent pas souvent l’attention du public et sont considérés comme le type de crime violent le moins rapporté au Canada. L’intention de la politique de la LCF, dans toutes les situations rapportées d’abus ou de violence, est d’évaluer le risque, de le réduire ou de l’éliminer, de faire cesser la violence et d’encourager les changements positifs du comportement.
« En discutant avec divers groupes de femmes, nous avons découvert que leurs efforts sont surtout concentrés sur la protection, axés sur les services d’aide offerts aux femmes à risque et dirigés vers les agresseurs pour modifier leur comportement. Ce constat nous a étonnés, puisque plusieurs ont tendance à réduire leur analyse de l’efficacité d’une politique à l’aspect punitif ou à l’ampleur des sanctions imposées », a ajouté Orridge.
« Par exemple, les femmes avec qui nous avons travaillé pour l’élaboration de notre politique ont souligné à de nombreuses reprises l’importance de tenir compte des risques encourus pour la vie d’une femme, plutôt que de discuter de suspension à vie d’un conjoint. En fait, certaines ont mentionné que le fait d’empêcher un joueur de gagner sa vie pouvait avoir un effet pervers, par exemple, en l’empêchant de payer une pension alimentaire, ce qui, au final, affecterait négativement son ancienne conjointe et leurs enfants. »
La politique prévoit que les sanctions qui comprendraient une suspension ou la perte de revenus seront considérées si ou quand les allégations seront fondées et que la sécurité de la victime ou des membres de la collectivité est compromise.
Cela dit, qu’il y ait des « preuves » qui soutiennent les allégations ou non, aucune situation rapportée ne sera ignorée. Tous les cas seront analysés, des experts seront contactés lorsque nécessaire et de l’aide sera toujours offerte.
Le conseil des gouverneurs de la LCF ayant entériné la politique, les équipes du circuit travailleront maintenant avec le bureau de la LCF et Ending Violence Association of Canada pour identifier les experts régionaux qualifiés pour offrir la formation, les services d’intervention et les services d’aide.
« N’importe quelle politique évoluera avec le temps et celle-ci ne fera pas exception, a dit Orridge. Mais elle représente un pas dans la bonne direction pour la LCF. »